Passer au contenu principal

Refus de serrer la main

On vous interpelle car dans le service communication de votre entreprise, un nouveau salarié refuse de serrer la main aux femmes, de les regarder quand il leur parle et de rester seul en présence de l'une d'entre elles, que ce soit dans un ascenseur ou lors d'un entretien professionnel.

Plusieurs collègues l’ont très mal vécu et s’en sont formalisées, ne se sentant pas respectées ni même reconnues dans leurs fonctions. Elles lui ont fait part de leur sentiment d’humiliation et d’offense lié à cette situation répétée. Mais le salarié a maintenu sa position. Il a expliqué qu’il ne souhaitait pas avoir de contacts (physiques ou symboliques) avec le corps d’une autre femme que la sienne. Il vous a par ailleurs été confirmé que « tout se passait bien avec ses collègues de genre masculin ».

Avis juridique

Lorsqu'il s'engage dans une relation professionnelle , le travailleur accepte d'effectuer les prestations prévues dans le cadre de la fonction. C'est donc par rapport aux exigences propres à la fonction qu'il faudra analyser si le comportement du travailleur est fautif ou pas.

Certaines fonctions, de nature commerciale, impliquent un contact avec des tiers (clients) ou des missions de représentation. Le travailleur qui adopte une attitude où il refuse d'entrer en contact avec des clientes se met en défaut d'exécuter ses tâches professionnelles. En revanche, à l'égard de ses collègues féminines, il n'est pas tenu de les aborder par un contact physique. Il doit cependant rester courtois et entretenir de bonnes relations de travail avec l'ensemble de ses collègues, quel que soit leur sexe.

A l'interne, quelles que soient les intentions et la justification de départ de l’auteur, le sentiment d'être ignorées ressenti par des collègues "femmes" peut provoquer une dégradation des conditions de travail (sentiment d'humiliation, de vexation, d'hostilité). Les lois sur le bien-être au travail et la protection contre la violence et le harcèlement moral ou sexuel au travail vont intervenir : des comportements indésirables liés ou pas à la conviction religieuse et qui ont pour effet d'offenser et de porter atteinte à la dignité à d'autres personnes peut être considéré comme du harcèlement discriminatoire. L’employeur est à même d’intervenir sans qu’il n’y ait discrimination.

Avis au manager

  • Comme dans toute situation de risques psycho-sociaux portés à votre connaissance, il faut d’abord prendre le temps de comprendre et de vérifier. 
    • S’agit-il bien d’actes répétés ? 
    • Il pourrait exister une inimitié, une concurrence entre collègues qui amplifie un problème. 
    • N’est-ce pas uniquement une différence culturelle, tels les Japonais qui ne serrent jamais la main de personne ? Deux collègues distants peuvent ne pas se saluer, on ne parlera pas d'harcèlement.

  • Il faut éviter d'assigner automatiquement ces comportements à une conviction religieuse, ce qui pourrait induire, au sein de l'entreprise, un climat hostile à l'égard de l'ensemble des travailleurs d'une confession particulière. Tout le monde ne pratique pas sa religion de la même façon.

  • Nous vous conseiller d'entamer une discussion avec la personne concernée. 
    • Comprend-il les effets de son refus ?  
    • Que propose-t-il comme solution pour saluer ses collègues féminines de manière respectueuse ?

Nous conseillons aussi de:

  • lui expliquer les conséquences directes ou indirectes de son comportement sur ses collaboratrices,
  • lui rappeler ses devoirs professionnels, par exemple, s’il a refusé de rester seul avec sa cheffe pour un entretien d’évaluation,
  • lui rappeler l’attachement de l’organisation à l’égalité entre hommes et femmes, aux conditions harmonieuses de travail pour tous et à la lutte contre tout comportement venant entraver le bien-être au travail,
  • lui exposer ce que prévoit la loi en terme de lutte contre le harcèlement moral discriminatoire au motif du genre.

© Unia • Centre interfédéral pour l’égalité des chances • www.ediv.be