Vous êtes manager dans une équipe wallonne d'une grande entreprise . Vous gérez une équipe mixte, de différentes nationalités et langues maternelles. Des tensions ont surgi dans le service et après une évaluation avec l'équipe, l'usage des différentes langues semble être l'origine des problèmes. Vous décidez que le français sera la langue unique de travail en ce compris la pause de midi. Les travailleurs qui parlent une autre langue pourront être sanctionnés.
L’obligation faite aux travailleur-euse-s d’employer une langue précise (dans cette situation, le français) à tout moment génère à la fois une discrimination directe fondée sur le critère de la langue et une discrimination indirecte fondée sur le critère de l’origine ethnique ou nationale. L’objectif de réduire les tensions entre les travailleur-euse-s peut être considéré légitime mais une interdiction absolue assortie de sanctions ne semble être un moyen ni adéquat ni proportionné.
En principe (et surtout pendant les pauses) les travailleur-euse-s sont libres de parler leur langue (art. 30 de la Constitution). Par contre, des décrets et ordonnances prévoient l’emploi d’une langue unique dans le travail (ici le français dans la région wallonne) dans les relations verticales : les échanges entre un manager, un contremaître et son équipe. Dans les relations horizontales entre les travailleur-euse-s, l’employeur peut les soumettre à l’obligation de l’emploi d’une langue unique pour se comprendre réciproquement dans la réalisation des tâches, pour des raisons de sécurité, du service à la clientèle, etc. …
L’employeur doit effectivement prendre des mesures pour éviter des conflits, mais une interdiction absolue de parler une autre langue que le français en l'occurrence semble disproportionnée, voire inadéquate pour résoudre les tensions entre collègues. Voir les conseils ci-dessous.
Avertissement: Unia n'a pas de mandat pour ce critère mais pourrait être compétent sur base du critère de l’origine.
Voici quelques conseils pratiques pour intégrer les locuteurs qui apprennent la langue du travail :
Les instances régionales (ACTIRIS ET FOREM) proposent des chèques de formation dans l’apprentissage des langues étrangères (chèques-langues) .
Enfin, quand les conflits de langues surgissent, le manager doit être attentif, c’était peut-être l’arbre de la forêt : ce sont parfois des symptômes de conflits d’une autre nature (jalousie, harcèlement, racisme, préjugés réciproques entre travailleurs nationaux et d’origine étrangère, etc.). Le manager doit intervenir et interroger ces travailleur-euse-s pour comprendre les interactions dans les équipes, il est responsable du bien-être de tou-te-s.